« Si vos collègues savaient ce qui les attend, ils seraient déjà en grève » le proviseur adjoint d’un LP de la banlieue rouennaise
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Augmentation du temps de travail et flexibilité
Chaque enseignant, en plus de son temps de service qui comprend souvent la 19e heure d’enseignement qui peut être imposée par le chef d’établissement, pourra être forcé d’effectuer jusqu’à 72 heures annuelles pour remplacer un collègue absent dans n’importe quelle discipline (projet de loi, p.23). C’est-à-dire qu’un chef d’établissement peut obliger un enseignant à effectuer 26 heures hebdomadaires pendant un trimestre : 10 semaines à 19 h. (service actuel : 18 + 1) + 7 h (70 des 72 heures supplémentaires) !
Cette mesure est d’autant plus inadmissible que le temps de travail effectif d’un enseignant, dans et hors de son établissement, est déjà de plus de 40 heures. Fillon vise également à faire fliquer les absences par les collègues. Il y a fort à parier que les collègues les plus faibles auront à pâtir de cette pression supplémentaire.
Les décharges spécifiques (heure de 1ère chaire, heure de labo ...) seront « réexaminées », c’est-à-dire qu’elles sont menacées de disparition à court terme (projet de loi, p.23). Les collègues de lycée dont la 19e heure était une heure de 1ère chaire risquent de perdre une HSA et de voir leur salaire baisser.
La formation continue des professeurs devra s’inscrire dans un « projet personnel de formation concourant à la qualité de son enseignement » et s’effectuera prioritairement en dehors des obligations de service d’enseignement (projet de loi, p.25) . Lors de l’examen à l’Assemblée, l’amendement n°79 sur art.8 a précisé que les enseignants recevront donc une indemnité de 43 euros par jour de formation. Quelle générosité !!
Réduction du nombre d’enseignants
Allègement des horaires de cours des élèves au lycée (déjà amorcé avec la suppression des heures de TPE, heures qui il y a peu étaient des heures de cours !)
Diminution du nombre des options proposées aux lycéens
Développement du bac pro en 3 ans, au lieu de quatre, soit 25% d’heures d’enseignement en moins. Cette mesure est réclamée depuis de nombreuses années par le patronat et ce sont essentiellement les enseignements généraux qui seront sacrifiés.
Développement de l’apprentissage au profit des CFA, ce qui menace l’existence même de nombreux LP.
De nombreux collègues devront d’abord compléter leur service dans un autre établissement ou une autre discipline, avant de subir des mesures de carte scolaire !!
Casse des statuts
Création d’un « conseil pédagogique » qui va sérieusement limiter la liberté pédagogique
Ce conseil sera présidé par le chef d’établissement, il comprendra des professeurs principaux de chaque niveau, des professeurs représentant chaque discipline (dont le documentaliste), le coordinateur pour les TICE ainsi que le chef de travaux dans les LP.
« Il a pour mission de [...] coordonner les enseignements et les méthodes pédagogiques, la notation et l’évaluation des activités scolaires. » (projet de loi, Article 21 , p.7) C’est la porte ouverte au règne des petits chefs !!
Les PLP pourront être nommés au collège, notamment en classe de 6ème (projet, p.23). Officiellement afin de faciliter l’adaptation des élèves à l’enseignement au collège, officieusement afin de permettre une meilleure gestion des ressources humaines puisque dispensant des cours dans deux matières, ces collègues seront plus flexibles, leur volume horaire dans chaque matière permettant de s’adapter plus facilement aux besoins des collèges.
Les PLP devront participer à la formation des apprentis. Sous quelle forme ?
Une « certification complémentaire » en lettres, langues et mathématiques sera proposée aux nouveaux recrutés (projet, p.24).
C’est une première étape vers la bivalence des professeurs de collège et de lycée.
Développement du statut de « professeur associé » dans le second degré. Ces « professeurs » viendront des « milieux professionnels » (sans aucun doute du patronat ou de l’encadrement) pour inculquer l’esprit d’entreprise aux élèves !
Disparition programmée des mutations
Le projet prévoit la fin programmée du recrutement national des PLP, des certifiés et des agrégés.
Le projet évoque, pages 23 et 25, des « concours nationaux à affectation régionalisée ». Les candidats aux concours « choisiront », lors de leur inscription, leur académie d’affectation qui sera à la fois leur lieu de stage et leur lieu de début de carrière.
Les stagiaires ne participeront plus au mouvement inter-académique et seront affectés directement dans les académies pour remplacer les départs en retraite.
Il sera donc quasi-impossible aux jeunes collègues qui ont quitté leur académie ces dernières années de rentrer chez eux !
Cela sera renforcé par la baisse du nombre d’enseignants donc de postes à pourvoir.