La grève doit redevenir un outil pour gagner !
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Motion adoptée par la CGT Educ’action de l’Eure et soumise au Conseil national de la CGT Educ’action
La stratégie de lutte décidée et mise en œuvre depuis déjà bien longtemps, pour s’opposer aux réformes libérales, dans l’éducation comme ailleurs, appelle une réflexion profonde et une analyse critique nous semble aujourd’hui indispensable.
Alors qu’au printemps dernier le contexte était propice pour s’engager avec un maximum de collègues dans une lutte durable et prolongée, alors que la grève du mois de mai pouvait servir de point de départ à ce mouvement, dans un contexte d’exaspération et de pression très forte de l’opinion publique contre la réforme du collège, les choix stratégiques qui ont été effectués n’ont fait qu’entraîner frustration, découragement et finalement lente agonie du mouvement.
Alors que la rentrée aurait pu, aurait dû être un symbole pour affermir nos positions contre cette réforme et engager un véritable rapport de force, elle s’est passée dans le calme, au grand soulagement du ministère.
Alors que l’unité de façade des différentes organisations syndicales opposées à la réforme a été maintenue coûte que coûte, on se cantonne à un baroud d’honneur lors d’une manifestation un week-end à Paris, sans qu’aucune perspective de poursuite de la lutte ne soit annoncée ni même prévue. Hypocritement, notre union nationale déclare soutenir les établissements qui mettent la grève reconductible à l’ordre du jour en assemblée générale, sans jamais donner la moindre impulsion ou leur donner une chance d’exister en organisant ce mouvement à une échelle nationale.
Face à ces constats, il est temps de tirer les leçons de nos erreurs, et de promouvoir d’autres stratégies. Il est nécessaire de remettre nos totems en questions et de s’attaquer à nos tabous.
Nous voulons :
Que le principe de journées de grève de 24h, sans perspectives et sans lendemain, qui a constitué notre moyen principal pour ne pas dire unique de mobilisation ces dernières années, soit remis en cause. Une grève ne sert pas à communiquer avec le ministère, elle ne sert pas uniquement à se compter, elle doit être l’aboutissement d’un processus visant à gagner une lutte, en ne se privant d’aucun moyen pour y parvenir.
Que ces grèves sans lendemain, organisées en outre sur la base de motifs parfois « fourre-tout » qui ajoutent à la confusion, soient désormais considérées comme un outil qui peut même s’avérer démobilisateur et défavorable dans la perspective d’une lutte victorieuse. À la longue, elles affaiblissent les militants les plus déterminés tout en confortant les hésitants dans le choix de ne pas s’y engager résolument.
Que le maintien de l’unité syndicale derrière l’organisation majoritaire ne soit plus la condition sine qua non de notre engagement de lutte contre les réformes. Si le syndicat majoritaire, pour des raisons évidentes, ne souhaite pas s’engager dans des actions déterminantes, telles que la poursuite immédiate d’un mouvement de grève après une première journée réussie, il est de notre devoir de continuer la lutte sans attendre sa bénédiction. À quoi sert notre syndicat s’il ne vit que par la peur d’agir seul ?
Que le contexte de mobilisation soit un élément essentiel de notre stratégie de lutte à l’avenir. Qu’à ce titre, si le contexte est favorable à engager un mouvement de lutte plus radical, si les remontées du terrain vont en ce sens, il est nécessaire d’accélérer et d’être à l’avant-garde, et non d’observer ou pire, de ralentir le processus, comme ce fût le cas au printemps.
Que le principe d’un calendrier de lutte, avec des grèves prévues à l’avance, sur plusieurs semaines voire plusieurs mois, jusqu’à satisfaction des revendications, soit prévu et serve de cadre de discussion clair pour les assemblées générales dans les établissements.
Enfin, que les symboles que constituent les examens de fin d’année et surtout la rentrée des classes le 1er septembre, soient considérés comme des dates importantes où la mobilisation des collègues peut avoir un impact décisif, peut-être le seul capable d’inverser le rapport de force qui nous est défavorable depuis de trop longues années.
Nous avons le devoir, en tant que militants, de trouver et de mettre en œuvre les solutions qui permettront de lutter contre le fatalisme et la résignation qui gangrènent le mouvement social et obèrent notre capacité à mobiliser.
La grève, on la fait pour gagner !