Compte-rendu de la CE de l’UD de l’Eure du 7 décembre
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Il y a une quinzaine de jours, Paris-Normandie titrait à la UNE :
« LA MISERE PROGRESSE TOUJOURS EN NORMANDIE ! »
Expression d’un étonnement, d’une déception. A mon avis, le message qui devait passer était : « malgré tous les efforts du gouvernement dans sa lutte contre la pauvreté, il n’y arrive pas, celle-ci continue à progresser, on ne peut rien faire, on n’y arrive pas.
Les bons sentiments, les déclarations d’intention suffiraient donc à cacher les conséquences d’orientations économiques et sociales efficaces qui atteignent leurs objectifs. En bref, les médias dominants sont devenus des moyens de propagande gouvernementale. Ils ont pour fonction de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, l’ombre pour la lumière.
Les orientations de la politique gouvernementale n’ont pas changé depuis la dernière CE de l’UD. Elles ont donc déjà été exposées et discutées.
Réduire la part des richesses produite allant aux salariés,
Déréglementer les conditions de travail et permettre plus de productivité pour plus d’exploitation,
favoriser le capital financier en favorisant toujours plus le drainage des richesses et leur transformations en valeurs spéculatives.
Deux exemples de plus pour l’illustrer :
La possibilité de déduire des impôts 25% des intérêts versés lors d’un prêt à la consommation. Les millions de salariés non imposables apprécieront.
Autre information qui concerne la CRDS (contribution pour le remboursement de la dette sociale) que chaque salarié paie chaque mois. Elle a été mise en place en 1996 par A. Juppé qui crée en même temps la CADES chargée de gérer les fonds collectés. Il faut savoir qu’après 8 années de remboursement, le déficit de 50 milliards d’Euros est actuellement de 103 milliards d’Euros. En effet la CADES pourtant sensée être sous contrôle de l’état a spéculé en bourse sur des placements à haut risque et comme par hasard elle a perdu. Pourtant cette année, si j’en crois la dernière VO, le CAC 40 a progressé de 22% ( pour plus d’infos voir le livre de Leslie Varenne et Philippe Blanchard, Sécurité Sociale, main basse sur le trou aux éditions Carnot)
Les nouvelles mesures envisagées par le gouvernement sont toujours plus agressives pour les salariés et les privés d’emplois :
la loi sur les licenciements économiques : comme le rappelait Patrice Pagnez lors de la dernière CE : « réduit les capacités des représentants des salariés de proposer des solutions alternatives aux licenciements. Les obligations des employeurs disparaissent, les procédures sont allégées.
Mais ces derniers temps, l’offensive pour l’allongement de la durée du travail prend de l’ampleur . Après le chantage à la délocalisation, le projet de Raffarin de proposer aux salariés l’échange d’un mois de RTT contre un mois de salaire est particulièrement perfide. Alors que notre pays compte plus de 10% de chômeurs, il veut faire travailler plus ceux qui ont un emploi en leur proposant de compenser la baisse de leur pouvoir d’achat par leur RTT, et qui pourrait blâmer les millions de salariés qui accepteront ?. Cette proposition a pour objectif de diviser les salariés entre eux, de les pousser les uns contre les autres, de faire en sorte que le nombre de chômeurs augmentent exerçant ainsi une pression supplémentaire à l’intérieur des entreprises et que les salariés acceptent sans rien dire des conditions de travail qui se dégraderont encore un peu plus avec des salaires qui seront de plus en plus dévalorisés,
Le 25 novembre 2004, 1300 salariés du bâtiment sont venus en délégation à Bruxelles pour s’opposer à un projet de la constitution européenne dit projet Bolkelstein. Ce projet propose qu’un salarié étranger travaillant dans un pays de la communauté européenne se voit appliquer le droit du travail de son pays d’origine. Actuellement, c’est le droit du pays accueillant qui est appliqué.
Cette directive vise outre le bâtiment, les secteurs du service, des commerces et de la santé. Ce n’est pas la peine de développer car chacun ici est en mesure d’imaginer les conséquences de cette directive si elle était appliquée.
Le secteur public n’est pas épargné et les critères d’administration des personnels évoluent et s’inspirent de ceux pratiqués dans le privé. Le gouvernement avait de grands projets, il passe maintenant à leurs réalisations.
Utilisant et exrçant une forte pression sur les personnels d’autorité chargés de la mise en place de sa politique. Ainsi la décentralisation dans le cadre de la réforme de l’état, la restructuration des services publics, la privatisation des entreprises à haute rentabilité avancent à grands pas. Sans se soucier des conséquences de sa politique, le gouvernement tranche dans le vif.
Son seul objectif étant de supprimer des emplois, il restructure, casse plutôt que modernise comme il dit car il est bien relayé par tous les moyens de propagande.
Il serait illusoire de croire que son action est guidée par un projet, et que malgré tout, à l’arrivée, il y aura quand même quelque chose d’organisé et qui fonctionnera. Le gouvernement n’a pas de projet organisé. Il est chargé d’appliquer la revanche historique de la fraction la plus réactionnaire des capitalistes, qui ont assisté sans pouvoir réagir pendant des dizaines d’années, à l’avancée des acquis sociaux et qui ont maintenant, enfin les moyens de se venger.
Les conditions de transfert des TOS en est une illustration.
Lors du CA de mon collège, le mardi 2 décembre, la conseillère générale du canton a déclaré qu’au jour d’aujourd’hui, le gouvernement refusait d’informer le conseil général de l’Eure du nombre de transferts de TOS dans notre département et qu’il serait informé le 1er janvier. De plus, la mobilisation récente de nombreux élus contre les conséquences de la réforme de l’état de gauche mais aussi de droite montre bien que même du côté des élus de la majorité présidentielle, des responsables s’inquiètent .
Empêcher les délocalisations, améliorer les conditions de travail, augmenter le pouvoir d’achat des salariés, défendre les grandes solidarités nationales et intergénérationnelles, bref, permettre à chacun de vivre correctement, renforcer la mission égalitaire des services publics tels sont les objectifs de notre syndicat mais aussi sa responsabilité.
Nous avons donc la nécessité absolue de porter la CGT à un niveau qualitatif et quantitatif capable de peser sur le rapport de force, de l’infléchir, d’imposer des avancées en termes de revendications et d’augmentation des pouvoirs des salariés dans les entreprises.
Le relevé de conclusions du comité confédéral national des 29 et 30 septembre me paraît être la référence pour guider notre action.
D’abord, je reprendrai à mon compte l’intervention de mon camarade JP Bideau sur la nécessité essentielle d’avoir comme outil l’Hebdo. Il exprimait l’impossibilité d’être vraiment syndiqué CGT sans cet outil essentiel d’information sur l’ensemble des syndicats, informations sur les secteurs en lutte, sur les victoires mais aussi sur des échecs, avec des analyses et des explications. La CGT ne peut pas être un ensemble de syndiqués et de structures fonctionnant chacune à côté des autres. Au delà de nos conceptions et positionnements, si nous nous sommes syndiqués, nous avons chacun compris l’importance essentielle de nous organiser pour agir communément.
Concrètement, nous devons construire pour le 1er janvier 2005 un plan de renforcement de la CGT dans notre département, c’est-à-dire :
Mettre en place des syndicats multiprofessionnels adaptés aux caractéristiques locales facilitant la syndicalisation à la CGT,
Vivre la nouvelle méthode de répartition de la cotisation syndicale,
Avancer collectivement sur la transformation des structures et des modes de fonctionnement pour passer du principe à la réalité, car avancer et agir est est la seule façon de découvrir de nouveaux horizons qui permettront de construire un nouveau déploiement qualitatif de notre union départementale.
La CGT ne peut pas passer à côté du débat sur le projet de constitution européenne. La confrontation de nos orientations à celles du projet de constitution, ne pas freiner l’émergence d’un débat dans l’organisation est à mon avis indispensable.
Pour autant, la CGT est un syndicat ; elle n’est pas un parti politique. Nous n’avons pas faire du Chéreque à l’envers. Les millions de salariés qui s’apprêtent en toute bonne foi à approuver le projet de constitution ont-ils leurs place à la CGT ? Oui, à mon avis, comme les millions de salariés qui ont un avis contraire.
Oui, un débat à partir de nos orientations revendicatives et de notre conception du rôle de l’état à partir des services publics, qui serait comparé à l’aulne des orientations économiques et sociales du projet constitutionnel. De plus, le débat des syndiqués et la discussion avec les collègues, les usagers des services publics ne seraient-ils pas un moyen permettant aux gens de se réapproprier le champ qui nous concerne tous, le champ du combat social ?
Et faut-il nécessairement que la CGT se prononce pour un oui ou pour un non qui ne satisferait que ceux qui sont d’accord.
Je terminerai sur la réunion du comité régional auquel j’ai assisté et qui réunissait des membres des CE des 5 départements normands.
Le rapport d’ouverture à la discussion a défini les 3 axes de développement économiques pour notre région : l’axe agricole et produit de la mer, l’axe industriel et l’axe logistique, infrastructures.
Des responsables de syndicats de la métallurgie, de la chimie, de l’énergie ont dénoncé la dégradation des conditions d’emplois, la multiplication des maladies professionnelles, les manipulations des entreprises pour se dégager de leurs responsabilités.
Pour autant, la mise en avant d’un développement sans fin de la production, de la croissance pour développer l’emploi me pose des questions. A mon avis, la croissance actuelle ne produit pas d’emploi bien au contraire, elle le détruit. Je ne crois pas à l’augmentation du parc automobile, à la production de plus en plus d’énergie, au développement de toujours plus de sites industriels, de routes comme réponse aux difficultés actuelles des salariés et des privés d’emplois.
Le numéro spécial de l’hebdo CGT sur le développement durable semble indiqué que sur ce sujet-là aussi nous aurons besoin de débattre dans toutes les structures de notre syndicat.
Pierre Jamet, secrétaire départemental du SDEN de l’Eure.
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